LE TEXTE ET LA COULEUR (depuis 2000 )
L'HOMME QUI PENSE 28/11/2000
- Tu es triste ?
- Non.
- A quoi tu penses ?
Je pense à toi
Je pense à ce jour
Où je ne serai plus là.
Je pense à l'oubli
Au sable et au vent du désert
Je pense au silence
Je pense au goût du fruit.
- A quoi ça sert ?
- Ca sert à rien
Rien qu'à te dire
Que je t'aime,
Ca sert à rien
Rien qu'à me faire du bien.
LA FILLE DU CAP-VERT 5/08/2001
Et pourtant, ce matin, au large du Cap Vert, les pêcheurs ont poussé leurs pirogues sur une mer assagie après avoir pansé leurs plaies et pleuré la nuit entière leurs morts de la veille.
Ce matin, ils sont repartis car ils avaient faim.
Ce soir, ils rentreront en chantant parce que la pêche aura été bonne. Elle sera bonne. Il le faut.
L'HOMME A LA LUNE 15/08/2001
Laissez vous transporter
Au son de ces tam-tams
Au son des balafons,
Cet étrange ramdam
Conte l'histoire vraie
De l'homme aux bras si longs
Qu'il cueille la lune
Pour plaire et surprendre
Sa négresse brune
Qui franchement s'en fout
Et dit pis que pendre
De cet exalté fou.
BORD DE MER 01/09/2002
Qui sont ces trois passants, entr'aperçus hier ?
Etait-ce au soir couchant, au loin est-ce la mer ?
La femme encore jeune et mûrie de soleil
Est-elle encore jeune, était-ce le soleil ?
Au bras d'un vieil homme, quel était son prénom ?
Je ne me souviens plus de rien cré nom de nom
Etait-ce son père ou est-ce son mari ?
Sort il de retraite ou vit elle avec lui ?
L'autre c'est un ami, qu'un chagrin sans doute
Ramène au pays, tu vois je me doute
Il a dû divorcer, voulu se suicider
Etait-il mal marié ? j'en ai aucune idée
Etait-ce son frère ou était-ce un ami ?
Est-ce un demi-frère ou son petit ami ?
Qui sont ces trois passants, était-ce bien hier ?
Les ais-je vraiment vus, regardaient-t-ils la mer ?
L'HOMME ET LA CROIX 15/10/2002
L'équilibre, je crois,
Est affaire de foi.
Il était une fois
Un homme et une croix.
Fil de ferriste, toi
Qui ne tiens qu'à un doigt,
Balancier fragile,
Avance sur le fil.
Oui ou non, ne dis mot,
Vertige, vertigo,
Tombe et retiens toi,
Succombe et reviens moi.
Rejoins moi, un, deux, trois,
Adieu, athée, à toi.
op1 : le TEMPS 03/01/2004
Qu'attend-il
L'échassier immobile ?
Il contemple l'instant
Et l'astre en fait autant.
Il écoute le silence
L'éphémère connivence
De la feuille et du vent,
Il donne un sens à mes cheveux blancs.
op2 : la LIBERTE 06/01/2004
Apprendre à voler pour voler une fleur
Finir par aimer pour aimer son odeur,
Où va-t-il l'oiseau migrateur,
Vers quel exil, vers quel chasseur ?
op3 : le JOUR et la NUIT 11/01/2004
Chaque matin, entrer dans la lumière…
Chasser les démons de la nuit,
Jusqu'à l'incandescence,
Réinventer sa vie
Lutter contre l'usure du temps,
L'excès de prudence,
Le geste étriqué et le rêve gris.
op4 : la LUMIERE 18/01/2004
A peine,
Tu tiens dans tes mains rondes
La lumière du monde,
Que déjà,
S'égrènent les secondes
Qui peu à peu t'inondent,
Et enfin,
Tu échappes de tes mains
La lumière qui s'éteint.
op5 : l'ACROBATE et le MANCHOT 08/02/2004
Quelle ne fut la surprise
Du manchot
Devant telle bêtise
Tout là haut
Avant qu'ils ne se brisent
Tous leurs os
Il aimerait qu'on leur dise
Aux jumeaux
Marchez sur la banquise
Blanc manteau
Un pied bot nous déguise
En Pierrot
L'acrobate se grise
Allegro
Accroche bien la prise
Et banco
op6 : le CAVALIER et le PAPILLON 18/02/2004
Un papillon pour escorte,
Des souks aux cités marchandes,
J'ai chevauché jusqu'aux portes
Des velours de Samarkand.
op7 : la PANTOMIME des VIVANTS 12/03/2004
J'ai écrit à l'encre rouge
La pantomime des vivants,
Cet attelage claudicant
Entre quiétude et tourments.
1 Toute querelle oubliée, comme une renaissance agrippée aux promesses du matin, j'imaginais un passant paisible le long de la capitainerie du vieux port. Apaisé, je retrouvais jusqu'aux prénoms des choses les plus futiles, les plus secrètes.
2 Etranger, ne t'ensommeille pas, avance encore. Il faut gagner l'eau, il faut gagner le sel. Il faut croire aux douceurs de la halte prochaine, l'oasis blottie à l'ombre incertaine de la palmeraie, la casbah de chaux, de pisé, d'argile et de terre battue, les oliviers d'argent, le sourire d'Aïcha, la fraîcheur de ses lèvres, le citron et la pulpe d'un fruit.
Et enfin, comme le vieil homme, tu pourras planter un arbre.