L'ENFANT ET L'ESPOIR 09/06/70
Sur la moisissure
Des récifs escarpés
Echouent les rescapés
D'outre meurtrissures.
Cesse que ne vous blesse
La noire sanguinaire
En guise de prière
Ou de prime caresse.
Dure faites qu'elle dure
Cette haleine blanche
Et blême se déhanche
Une faible dorure.
Falbala que cela
Fausse l'algue verte
Et la vague inerte
La marée meurt dans nos bras.
Je lorgnais le large
Erodant les rivages
Rivé à son visage
Virant au tangage.
Je chagrinais le vent
A briser les lames
A limer les rames
Du naufrageur errant.
J'éventais du chagrin
Chahutant les embruns
Les embrasant chacun
D'un air marmoréen.
J'ai j'aurais bien aimé
De froide assurance
Froisser cette France
L'assoiffer, rançonner.
J'allais thésaurisant
A mes lèvres l'écume
Enivré de brume
Brusquant plus que bravant.
Mais qu'il t'en souvienne
La corniche était mienne
Je nichais à l'ancienne
Sous les roches souveraines.
J'assiégeais la ville
Aux moignons piétinés
Aux poignants émasculés
On rentrait tranquille.
Je brodais un trousseau
Les genoux bien serrés
Aimant ma virginité
Comme le polio aime l'eau.
Et revint le canot
Effleurant le rocher
Accrochant le brochet
A fleur de ciel, fleur de l'eau.
Ils rentraient au terroir
Eraflant l'emblème
Blasphémant même
Cet erratique espoir.
Mimant les tortionnaires
Ils salivaient la rouille
De leur dernière douille
Altérée par la mer.
Avant le rouge impur
Ils contournaient l'écueil
Ils écourtaient l'accueil
Des lentes flétrissures.