Pierre TICHADOU

Pierre TICHADOU

MENSONGES

  •  " Mensonges "  est un polar qui se déroule dans le milieu du golf. L'auteur invite le lecteur à entrer dans la peau de chacun des personnages. Il donne libre cours à son imagination, et peint avec humour les relations complexes et ambiguës des amis d'enfance, tout en laissant quelques cadavres sur la route. L'assassin n'est jamais celui que l'on croit.
 
 
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Collonges-la-Rouge. De prime abord, ça sonne comme un coupe gorge, un repaire de larrons, Collonges-la-Rouge, Fernandel et Françoise Rosay souvenez-vous, comme une auberge, une auberge rouge, on a du sang plein les mains, les gargotiers détroussent les voyageurs égarés, ces Jésus blêmes qui tendent la joue, ils les égorgent, c'est invraisemblable ce que ça saigne une carotide tranchée, jugulaire jugulaire mon adjudant, une conduite de sang qui vidange, clapotis et gargouillis, de bouillonnement en ressac, de soubresauts en saccades et pas un plombier à l'horizon, c'est effrayant, c'est… 

 

Mais non, c'est un endroit plutôt paisible et serein avec des maisons en grès vermeil, des toits en lauze grise, des oiseaux folâtres, des mésanges, des chardonnerets, des pouillots siffleurs, des pies et des rouge…

Non ! il n'y a pas de rouge gorge, tout est peinard je vous l'ai dit, il y a des vaches débonnaires qui viennent boire à l'abreuvoir, elles ont la patte limousine, fine et musclée, le pis proéminent, la robe rousse et la croupe affriolante où viennent se cramponner leurs gros amoureux godiches en sabots, une dernière giclée juste avant l'abattoir, il y a des glycines qui coursent les vignes vierges aux murs lézardés des tourelles, des tourterelles stupides tout en haut du clocher de l'église et quelques vieilles dames pastel qui manigancent aux fenêtres. 

Avant c'était huppé et désuet, un peu ridicule comme les petits nobliaux poudrés d'à-côté, les vicomtes maigrichons de Turenne qui, à leur manière aussi, se cramponnaient à leurs manigances. Maintenant, depuis qu'un vieil acteur égaré a fini de se rebiffer, le pauvre cave, au fond du cimetière, c'est devenu branché, dégoulinant de faux pèlerins en goguette, de bataves et de vieux machins du troisième âge, expulsés du car avant même d'avoir fini leur sandwich au jambon beurre et dieu sait si c'est gras et collant le papier qui va autour du jambon beurre.

 

J'ai passé vingt années de ma vie, les vingt premières, les vingt plus belles à ce qu'on dit, dans ce coin délicieux de basse Corrèze.Je m'appelle Jean-Marie Coissac et je viens d'avoir quarante deux ans.

 

Collonges-la-Rouge… A la réflexion tout de même, ça sonne bien un peu comme un coupe gorge. J'aurais dû me méfier, les premières impressions sont souvent les bonnes.

 

 

vendredi 29 octobre, l'avant veille du meurtre

 

Je retourne dans ce bel endroit deux ou trois fois par an. Un matin, foin d'hypocrisie, c'est toujours ainsi que ça commence…

 

 

 

 

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17/07/2006
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