Pierre TICHADOU

Pierre TICHADOU

PROVERBES ET EXPRESSIONS

 

  • avoir une peur bleue

Si durant longtemps ce fut la couleur de la peur, c'est en souvenir du choléra dont les cadavres entassés par milliers avaient la face bleue.

 

  • fier comme un pou

Le pou, laid comme il est, aurait-il la moindre raison de fierté ?  Absolument aucune !

A l'origine de cette expression se trouve un autre animal dont la fierté est proverbiale : le coq, notre bon coq national, ce brave volatile qui est devenu notre emblème et qui se nommait en latin gallus (d'où le jeu de mots entre gallus, le coq et Gallus, le Gaulois) et en vieux français gal ou poul.

C'est logique, poul le mâle, poule la femelle et poulet le petit.

L'expression «fier comme un poul»  est devenue « fier comme un pou », lorsque le mot « poul » est tombé en désuétude.

Notons qu'au Moyen Age, le pou se nommait pouil, d'où l'adjectif pouilleux.

 

  • mi-figue mi-raisin

Cela signifie quelque chose d'ambigu, à moitié bien et à moitié mal.

L'expression provient d'une véritable escroquerie commise par les Grecs de Corinthe au détriment des Vénitiens.

Aux raisins de Corinthe très rares que les riches Vénitiens faisaient venir à des prix d'or, les Grecs mélangeaient par moitié des morceaux de figues sèches qui poussent à l'état sauvage dans leur pays.

Ainsi doublaient-ils leur bénéfice.

 

  • monter sur ses grands chevaux

Au Moyen Age, les seigneurs avaient des chevaux pour la parade ("palefrois") et des chevaux plus grands pour la guerre ou pour les tournois ("destriers" = menés de la main droite). Les chevaliers montaient sur leurs grands chevaux pour partir à la guerre.

 

  • payer rubis sur l'ongle

Autrefois, celui qui vidait complètement un verre de vin rouge en renversait la dernière goutte sur son ongle. On disait qu'il «faisait rubis sur l'ongle» ou qu'«il buvait goutte sur l'ongle».

De l'idée de boire jusqu'à la dernière goutte, on est passé à la notion de payer jusqu'au dernier franc.

 

  • tenir le haut du pavé

Cela signifie avoir une position sociale élevée.

Avant l'invention des trottoirs - vers la fin du 19ème siècle - les rues étaient formées de deux moitiés en légère pente, avec un caniveau au milieu par lequel s'évacuaient les eaux usées. La politesse voulait qu'on laissât aux personnes de qualité la partie la plus élevée, le long des façades des maisons, quitte à patauger dans le ruisseau.

  

  • tomber dans les pommes

Lorsqu'on s 'évanouit, on tombe dans les pommes. L'expression ancienne était «tomber en pâmoison» ou «tomber dans les pâmes», c'est à dire se pâmer.

Petit à petit, les pâmes sont devenues pommes, ce qui franchement ne veut plus rien dire du tout.

 

  • tomber en quenouille

Au Moyen Age, la quenouille était l'emblème de la femme, et l'expression «tomber en quenouille» signifiait «tomber entre les mains d'une femme».

Ainsi, en raison de l'interdiction qu'en faisait la loi Salique, le royaume de France ne pouvait tomber «en quenouille». Cela signifiait qu'une femme ne pouvait pas hériter du royaume.

Aujourd'hui, on dit improprement d'un projet qui a échoué qu'il « est tombé en quenouille».

Il est amusant de constater que ce mot de quenouille, emblème de la femme, est parfois remplacé, dans le langage populaire, par un autre mot en -ouille, symbolisant lui le sexe de l'homme.

 

 

d'après Claude Gagnière, "Au bonheur des mots" (Robert Laffont*)

 

 



22/05/2007
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